On vit dans une époque formidable. Grâce à internet, il n’a jamais été aussi simple de voyager. Il est loin le temps où il fallait se rendre dans une agence de voyages, leur demander les prix des billets d’avion, payer sur place, puis acheter un guide papier pour savoir quoi faire une fois arrivé à destination, où manger, où dormir, etc… Maintenant c’est facile et très accessible. Avec une connexion internet, sur un ordinateur ou même un smartphone, vous pouvez tranquillement depuis chez vous regarder les prix des billets d’avion, les acheter, regarder quoi faire, lire les avis des gens, admirer les photos d’autres voyageurs, etc…
Ce n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire. Contrairement à avant, vous savez exactement ce qui vous attend une fois arrivé sur place, et vous n’avez pas vraiment de mauvaises surprises. Mais avec le temps et au fil de mes rencontres en voyage, j’ai l’impression que cette facilité d’accès à l’information a eu un dommage collatéral. Ouais, ce trop plein d’information a quelque peu détruit un des aspects les plus fantastiques du voyage : la joie de vraiment partir à l’aventure et la surprise de la découverte, que ce soit la découverte d’un nouveau lieu ou d’une nouvelle culture.
En effet, cet accès à l’information depuis son canapé grâce à internet nous a beaucoup aidé. On planifie beaucoup plus facilement, on a des retours d’expérience d’autres voyageurs et on bénéficie de leur expérience, on évite des situations à risque ainsi que des arnaques. C’est une très bonne chose, je n’ai jamais dit le contraire.
Mais en tant que voyageur, on cherche aussi l’aventure, l’incertain, l’inconnu. Théoriquement, voyager permet de vivre des choses différentes de son train-train quotidien. On arrive dans un nouvel endroit, on entend dans certains cas une langue inconnue autour de nous, on réalise que les restaurants servent uniquement de la nourriture que l’on ne connait pas, et qu’il va falloir tester. Tout est nouveau, on n’a pas ses repères habituels, on ne sait pas grand chose des habitudes des locaux, et on a les yeux grands ouverts, comme un petit enfant qui découvre le monde. C’est excitant!
En plus on a tous entendu ces phrases philosophiques autour de sa zone de confort qu’il faut quitter pour commencer à vivre sa vie à 100%. “La vie débute hors de ta zone de confort“, ou “Sortir de sa zone de confort, c’est être acteur de sa vie. Y rester, c’est en être spectateur“, ou encore “Sortez hors de votre zone de confort. Vous ne pouvez grandir que si vous êtes prêts à vous sentir inconfortable en expérimentant de nouvelles choses“.
Tout ça, c’est en principe. Je connais des gens qui postent ce genre de phrases sur les réseaux sociaux, mais qui sont incapables d’appliquer pour eux mêmes les phrases qu’ils encensent. Pourquoi alors…? Peut être pour leur image… En fait, en voyageant, et en lisant des forums sur le voyage, j’ai compris que même les soi disant aventuriers ne le sont pas tant que ça. Ils vont uniquement dans les restaurants cités dans les guides de voyage, uniquement dans les endroits recommandés par d’autres voyageurs, et font des randonnées pour la vue sympa repérée sur instagram.
J’essaie de garder une part de découverte. Par exemple, j’ai passé quelques jours à Chimkent, au Kazakhstan. Il n’y a pas grand chose à faire sur place mais j’ai kiffé. Il y a peu d’infos en ligne sur cette ville (j’ai pas vraiment cherché en fait), et j’avais du temps. J’ai beaucoup marché et j’ai été là où le vent me portait. J’ai discuté avec des jeunes qui voulaient une photo avec moi (et qui sentaient l’alcool en plein après-midi), j’ai vu un très beau parc, un grand bazar…
C’est une des dernières fois où j’ai eu ce sentiment de découverte d’un lieu inconnu, un vrai plaisir! En fait j’ai ressenti ça pendant tout mon voyage en Asie centrale : moins d’infos en ligne sur cette zone, rien sur le voyage en tant que noir là bas. J’ai tout découvert sur place! Je me souviens avoir ressenti ça quand je suis allé à New York en 2007!
J’y étais déjà allé avant, mais c’était ma première en tant qu’adulte. Je me souviens regarder une carte papier, et partir à la découverte de NYC! J’avais trop kiffé! J’avais juste une carte, un guide, et 2-3 recommandations de connaissances. Pas de réseaux sociaux à l’époque. C’était il n’y a pas si longtemps, et on parle de NYC, pas d’une ville peu connue comme Chimkent. Mais pour moi c’était une vraie aventure!
C’est une des raisons pour lesquelles je respecte énormément les voyageurs des années 1980 et d’avant, c’était de vrais aventuriers, hommes comme femmes “On va sur place, et on verra comment ça se passe“. Cette époque me parait révolue. Car ouais moi aussi je suis coupable de tout fouiner sur le net avant d’aller quelque part, voir les immanquables, etc… Je savais déjà que je n’allais pas aimer Kuta avant même d’arriver sur place, vu ce que j’avais lu sur internet. J’y suis quand même allé car je suivais une fille.
Je savais déjà que prendre une bonne photo d’Angkor Wat au lever du soleil serait quasiment impossible à cause de la foule. Je savais déjà quels paysages j’allais voir à la baie d’Halong (même s’il a plu quand j’y étais). Par conséquent, et c’est dommage, j’ai remarqué que ça devient de plus en plus difficile d’être émerveillé par un endroit. On sait déjà à quoi s’attendre. Et puis aujourd’hui les gens font une liste des endroits à voir, et vont dans les spots instagrammables, en recherche de likes. Triste…
J’essaie de laisser place à l’inconnu et la surprise quand je voyage. Partir à l’aventure, ça signifie parfois manger dans un restaurant pas bon, passer une nuit dans un hôtel à l’hygiène douteuse, et parfois se faire arnaquer! Mais ça veut aussi dire trouver des petites perles comme des restos bien cachés, délicieux et pas chers, sans touristes!
J’étais content quand j’ai trouvé un resto top à Chiang Mai, nourriture succulente, j’étais le seul étranger, et j’ai payé mon menu (soupe + plat + boisson) seulement 30 baht (0.75€)! Même quand on vit des galères, avec le recul, on en rigole! Une expérience stressante devient drôle et même instructive. Quand on laisse place à l’imprévu, on ne gagne pas à tous les coups mais qui ne tente rien n’a rien, ça fait partie du jeu et j’ai accepté de jouer!
Mais beaucoup de gens refusent de jouer et se sentent bien quand tout est planifié. J’ai rencontré une fille qui a “visité” le Liban en cinq jours, l’Iran en une semaine… Elle a admis ne pas laisser de place à l’impro et à la spontanéité, elle planifie tout à l’heure près. Chacun sa façon de voyager mais je trouve ça triste.
Il y a cette autre fille qui vérifiait le planning de notre croisière toutes les 15 minutes “Maintenant on va faire ci. Dans une heure on va faire ça, etc…” Il y a aussi ce mec qui a passé tout le trajet de Chiang Rai à Chiang Mai (plus de 3 heures!) sur son téléphone, à vérifier que le chauffeur prenait la bonne route. Il stressait quand le chauffeur prenait une route différente que celle indiquée sur son téléphone. Inutile de préciser que nous sommes arrivés à bon port…
Et je ne parle même pas de ce que je lis parfois sur les forums de voyage ou dans des groupes Facebook sur le voyage en général “C’est quoi la météo en Thaïlande en novembre?” “C’est facile d’utiliser le métro à Londres?” “On m’a dit que la vie est chère à San Francisco. Y a des auberges de jeunesse là bas quand même?“. Rien de mal en soi à poser ces questions, même si pour deux d’entre elles, une rapide recherche sur internet permet d’avoir une réponse… Mais surtout ces gens là se sont tous définis comme aventuriers, qui aiment sortir de leur zone de confort, blablabla… J’ai du mal à y croire!
J’ai donc décidé de moins me focaliser sur les choses à faire en arrivant quelque part, mais de vivre le moment présent. Je regarde quand même dans les grandes lignes ce qu’il faut voir, et puis je laisse une part de surprise. J’ai donc découvert Pai en flânant. J’ai suivi des locaux avec qui je discutais à Khorog (au Tadjikistan). Ils m’ont emmené dans un bar où j’ai passé une très bonne soirée. Ca aurait été impossible sans un peu de spontanéité.
Je pense qu’il faut arrêter de toujours être à la recherche de l’expérience parfaite, surtout si c’est uniquement dans le but de rendre envieux son entourage en rentrant. C’est mieux de laisser parler son instinct, vivre le moment présent, et laisser les expériences venir à nous. Elles ne seront que meilleures. On voyage avant tout pour se détendre, pas pour stresser sur une liste d’endroits qu’il faut absolument voir!
C’est difficile mais ce n’est pas impossible, tant qu’on a un peu de temps. Evidemment, c’est moins évident si on a une petite semaine de vacances, on veut optimiser son temps au maximum! Mais sinon la joie de découvrir un lieu est bien présente quand on ne passe pas trop de temps à tout préparer en amont. C’est vrai, il n’y a quasiment plus d’endroits qui n’ont pas été explorés par l’être humain. Mais il y a toujours des tas d’endroits qui n’ont pas encore été explorés par vous même. Maintenant je ne fouine pas le net pendant des heures quand je vais quelque part (sauf pour les pays sensibles type Turkmenistan). Je me laisse la joie de découvrir un nouveau lieu.
Qu’en pensez-vous? Avez-vous aussi remarqué qu’il est difficile de savourer la découverte d’un lieu, avec toutes les informations à disposition sur le net? Dites le moi en commentaire!
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Solages says
Bonjour, quelle tirade!
Mais il ne faut pas te gâcher la vie à penser comment les autres voyagent ! Laisse les faire ! Et puis chacun est libre de voyager comme il veut .
Tant pis pour ceux qui ne profitent pas de l’instant présent
Nous, couple de plus de 100 ans à nous 2, partons en janvier pour 3 mois en Asie du Sud est. Et mon 1er voyage quand je voyage c’est la préparation ! Mais attention je ne regarde ni photo ni vidéo, je ne planifie rien, juste un itinéraire éventuel
C’est sûr je lis les avis sur les blogs et autres mais les avis sont tellement différents d’une personne à l’autre…. ça donne donc juste une petite idée
De toutes façons tu as beau tout bien préparé ça ne se passe jamais comme prévu !!
Alors je crois qu’il ne faut pas se prendre la tête ni pour soi et encore moins pour les autres
Voyager pour découvrir des gens, des paysages, la vie ailleurs et je prescris cela à tous! Car ça te remet le cerveau à l’endroit, dans le bon sens, celui de l’amour de ton prochain , de la vie
Anne
Roobens says
Bonjour! Non non je ne me gâche pas la vie, loin de là 🙂 Chaque personne voyage comme elle le sent! C’est juste un constat après avoir voyagé et vu des gens se définissant comme aventuriers alors que ce n’est pas le cas… J’ai compris que ce n’était pas un cas isolé mais assez courant en fait. Mais je ne remets pas en question leur façon de voyager, ils font ce qu’ils veulent. C’est juste dommage, car à tout planifier, on passe à côté de belles choses.
Nico says
Salut,
C’est incroyable ton article, je croirais m’entendre parler. J’ai fait mon premier voyage au Canada en 1987, j’avais alors 17 ans. Je dirais tout a été parfait jusqu’en 2016. Après ça malheureusement, le tourisme de masse, boosté par les médias sociaux (que je hais plus que tout au monde), a presque tout gâché. Maintenant, les lieux jadis tranquilles une année, une à deux années après sont méconnaissables. Je trouve cela vraiment triste.
Mathilde says
C’est marrant car je n’associe pars forcément l’aventure avec le voyage. J’aime bien planifié mes voyages car malheureusement mes congés sont limités et j’ai envie d’en profiter au maximum sans perdre trop de temps (notamment vérifier les trajets, savoir s’il faut réserver tel ou telle chose en amont, repérer les randos qui ont l’air sympa…). J’ai plus l’impression d’être “aventurière” si je pars pour faire un truc “relativement” sportif (du coup le plus souvent c’est en France et parfois c’est même chez moi). Du genre si je pars à faire un “grand” tour en foret ou ailleurs avec mon vélo ou en courant je me sens aventurière alors que clairement je ne vais pas forcément hyper loin ^^ Même sans faire des trucs de haut niveau, cela me donne l’impression de “sortir de la zone de confort” plus que voyager en réalité ^^ .
En tant que grande peureuse, je suis bien contente qu’il y a internet et les blogs, je ne sais pas si j’aurais autant voyager sinon lol
Roobens says
En fait, j’aurais du le préciser dans l’article, c’est vrai que c’est plus simple de flâner quand on a le temps. C’est sûr qu’on veut vraiment optimiser son temps si on a une petite semaine de congés, et par conséquent on fait plein de recherches en amont. Mais j’ai constaté que même les soi disant backpackers/grands routards deviennent anxieux à l’idée de faire quelque chose spontanément.
Ce que tu fais pas loin de chez toi, c’est vraiment super! Ca change de ton train train quotidien, et tu sors clairement de ta zone de confort! Mais sinon internet est super pratique! Il y a d’autres personnes qui m’ont dit plus ou moins la même chose, elles n’auraient pas autant voyagé sans internet, ou elles n’auraient pas été dans tel pays, etc…
Nico says
“”C’est sûr qu’on veut vraiment optimiser son temps si on a une petite semaine de congés, et par conséquent on fait plein de recherches en amont. “”
Je pense en fait que le problème de bcp de gens de notre époque, c’est l’obsession de la performance (au travail, dans les loisirs, dans son couple…). A un tel point qu’ils en oublient de vivre, d’apprécier le moment present, de se détendre, ce qui était pourtant le but initial de la démarche de vacances…
Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est le verbe “optimiser” que tu as utilisé dans ta réponse. C’est vrai quoi, faut arrêter de vouloir tjrs tt optimiser et se laisser le temps de vivre, bon sang! Après on s’étonne que les gens soient en burnout ou en dépression…
Roobens says
Merci pour ton commentaire! Quand j’utilise le terme “optimiser”, je ne parle pas de moi. Comme je le dis dans l’article, j’aime prendre mon temps. C’est juste la façon de faire de la plupart des voyageurs que j’ai rencontré…
Nico says
Pas de soucis. Ma remarque ne t’était pas destinée directement. C’était plutôt une réflexion allant dans ton sens