La mythique Pamir Highway, aussi appelée route M41! Cette route ne vous dit peut être rien car peu connue du “grand public” mais tous ceux qui ont voyagé en Asie centrale connaissent au moins son nom, et tous ceux qui se rendent au Tadjikistan y vont pour traverser cette route, la Pamir Highway. Qu’est ce qu’elle a de si spéciale, cette Pamir Highway?
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La Pamir Highway, c’est quoi
Elle part de Och (au sud du Kirghizistan), et va jusqu’à Mazar-e Sharif, en Afghanistan, en passant par le Tadjikistan. Au delà de l’étendue de la route (2000 kilomètres), ce qui attire tous ses visiteurs, ce sont les incroyables paysages traversés. Sur une portion de route, 30 mètres seulement séparent le Tadjikistan de l’Afghanistan. En effet, la Pamir Highway longe la frontière avec l’Afghanistan, et les deux pays sont séparés par une simple rivière (la rivière Piandj). Je vais commencer par raconter mon trip, puis je vous donne toutes les infos pratiques en fin d’article si vous souhaitez faire un road trip sur la Pamir Highway.
Déroulement du road trip sur la Pamir Highway
Och
Mais commençons par le commencement. Le trajet effectué par quasiment tous les voyageurs relie Och au Kirghizistan, à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, avec plusieurs arrêts pour dormir dans différents villages sur la route. En fait, c’est surtout la partie Och à Khorog qui est intéressante. Au passage, j’ai fait Och-Douchanbé (comme beaucoup) mais on peut aussi le faire dans l’autre sens Douchanbé-Och.
Sary Tash
Après avoir quitté Och en 4×4, la première étape consiste à rejoindre la frontière tadjik (et la passer!). Parti à 8h45 de Och, nous sommes arrivés à Sary Tash, la ville frontalière avec le Tadjikistan, à midi. Ville qui se trouve tout de même à 4282 mètres d’altitude. Première chose que disent les militaires “Pas de photos ici!!!”. Ils le répéteront quatre fois. Fouille complète des sacs, inspection des passeports… Classique. Etant arrivé à midi, la plupart des douaniers étaient en pause déjeuner. Les rares présents nous demandent d’attendre. L’un des douaniers observe quelque chose dans la voiture, je le vois s’agiter, mais à son regard rien de menaçant.
Je finis par comprendre. En fait c’est moi qu’il regarde, il me fixe d’un air amusé et appelle ses collègues via talkie-walkie. Les copains arrivent rapidement, des molosses militaires grands et carrés, ils me disent bonjour amicalement, rigolent et demandent des photos. “Non” j’ai répondu. “Hein??? Pourquoi?” Avec le recul, je me dis que j’ai eu du culot, parler comme ça à des mecs dont je dépends pour entrer dans le pays, j’aurais pu rester bloqué sur place, au milieu de nulle part, j’étais à leur merci!
“Pourquoi tu ne veux pas qu’on ait une photo avec toi?” “J’obéis à vos ordres, vous avez dit pas de photos dans cette zone“. Éclats de rire des douaniers “Hahahaha! Ok bon pour toi on fait une exception haha!“. J’en profite pour leur demander d’avoir une photo moi aussi. “Non” d’un ton très ferme et sérieux. Sympas ok, mais il restent pro. Pas de souvenir pour moi donc…
Frontière Kirghizistan / Tadjikistan
Passer la frontière prendra trois heures. L’attente des douaniers qui déjeunaient, la fouille des sacs, la paperasse, les photos avec moi… Et il y a un no man’s land d’environ 25 kilomètres entre le Kirghizistan et le Tadjikistan. On s’arrêtera 4 fois à différents checkpoints, et à chaque fois, le chauffeur donnera un bakchich aux douaniers. Sérieux, il les a tous arrosé. Je pense que nous, touristes, avons payé ces pots de vin inclus dans le prix du trip…
Karakul
Une fois au Tadjikistan, la Pamir Highway devient déserte. On a bien roulé pendant trois heures, et très sérieusement, nous n’avons pas croisé une seule voiture! A l’occasion quelques chiens errants (je ne sais pas comment ils ont atterri là…) mais sinon rien ni personne, à part un village, Karakul, où il y a un magnifique lac! Je peux comprendre. Nous sommes à plus de 4000 mètres d’altitude, il fait froid et la route n’est pas en excellent état… A un moment donné, nous avons atteint 4655 mètres d’altitude! On a tout de même fini par croiser quelques cyclistes. Pédaler dans ce froid sur une route en si mauvais état, respect à eux!
Murghab
Notre premier arrêt se fera dans la ville de Murghab. Une petite ville où, il faut l’avouer, il n’y a pas grand chose à faire. Un marché, une mosquée, et c’est tout! Et oubliez le web. Il n’y a pas internet dans l’hôtel où vous logerez très probablement, le Pamir hotel. Comme me l’a dit le gérant “No Wi-Fi, no problems!“. Profitez en pour discuter avec les locaux! Quasi systématiquement, quand je leur disais que je venais de France, ils ne me croyaient pas. “Tu viens d’où en vrai? Africa? America? Mais pas la France!“
Comme dit plus haut, la Pamir Highway se trouve en altitude (Murghab est à 3600 mètres), on est donc fatigué plus vite et le cerveau est moins oxygéné. Deux des personnes avec moi avaient mal au crâne, voire des vertiges. Prenez les précautions nécessaires avant de partir, et surtout n’oubliez pas de souscrire à une assurance voyage avant de partir! De mon côté, très léger mal de tête mais rien de plus, mon corps s’était habitué après ma balade à cheval autour du lac Son Koul, qui par endroit montait à 3400 mètres d’altitude.
Le lendemain, nous avons repris la route tôt le matin. Les paysages sont une fois de plus époustouflants et le trajet est agréable, même si la Pamir highway est en mauvais état. Le chauffeur nous fait écouter de la musique tadjik, qu’il a enregistré sur ses cassettes (un lecteur cassette dans une voiture, ça faisait longtemps que j’avais pas vu ça!).
Langar / Bibi Fatima
Les nuits s’enchaînent, et les villages aussi. Nous traversons des villages en voiture et les gens nous fixent, cherchent à voir qui est dans la voiture. Nous passons par Langar, puis Bibi Fatima, à 3100 mètres d’altitude, où vous trouverez des bains d’eau chaude (Bibi Fatima Hot springs!). L’entrée est à 10 somoni (un euro) pour les étrangers, et hommes et femmes sont dans des bains séparés.
Arrivé dans l’eau je me rends compte que je suis le seul en maillot de bain “Enlève tout!!!” répètent les quelques jeunes sur place. Ouais on est tous à poil là dedans. Pas très à l’aise, les jeunes locaux me fixaient, et ils prenaient apparemment grand soin de toutes leurs parties du corps, ce qui est loin d’être la priorité d’un backpacker, si vous voyez ce que je veux dire…
Dans la même zone, vous trouverez également une forteresse vieille de 2200 ans. Forteresse en ruines dans les hauteurs de la ville, qui offre de très beaux paysages. Une petite heure suffit, il faut escalader un peu puis profiter de la vue, prendre quelques photos, se détendre et repartir.
C’est à Bibi Fatima que j’ai constaté ne pas avoir vu de mecs et filles marcher ensemble dans la rue. A chaque fois, des groupes de mecs, ou des groupes de filles. Mais pas de mélange. C’est aussi à Bibi Fatima que j’ai le plus interagi avec les locaux. C’était plus facile, dans cette région, on dit bonjour dans la rue dès qu’on croise quelqu’un! Et je profite aussi pour échanger un peu dès qu’ils me demandent une photo.
Bref, on m’explique qu’il y a quatre langues dans le pays : le tadjik (normal!), le russe (comme partout en Asie centrale), mais aussi le wakhan (parlé spécifiquement dans cette zone c’est à dire le sud du pays et le nord est de l’Afghanistan), et le khorog (parlé juste à Khorog). Les tadjik ont le visage marqué. Ils ressemblent à des perses (Iran), un peu asiatiques mais pas russes.
Ishkashim
Plus loin sur la route, nous nous arrêtons à Ishakshim, plus précisément au fort d’Ishakshim. Nous sommes en train de longer la frontière avec l’Afghanistan. Depuis ce fort, nous voyons très distinctement l’Afghanistan, qui est à quelques dizaines de mètres de nous. Et le Pakistan est à 30 kilomètres environ. Des sentinelles se cachent dans le fort, et surveillent la rivière, au cas où un inconscient tenterait de traverser la rivière à la nage.
Khorog
Nous sommes finalement arrivés à Khorog, une grande ville, ce qui signifie la fin du trip! Beaucoup de voyageurs croisés. C’est ce que j’appelle une ville où se reposer. On voit des gens qui finissent leur trip sur la Pamir highway, et d’autres qui vont commencer. Beaucoup de cyclistes qui font une pause aussi. Vu tous les touristes, Khorog est une ville où les gens parlent le mieux anglais. Même mieux que dans les pays voisins en “stan”. Promenez vous un peu dans la ville, observez la vie quotidienne… Et allez manger soit à Varqa, très bon resto tadjik, ou Delhi Darbar, resto indien très populaire! Vous pouvez y aller en marshrutka (mini van), le trajet est à 1.5 somoni (0.15€…). S’il n’y a plus de marshrutka (ça nous est arrivé), des locaux vous déposeront où vous souhaitez aller. Sans demander d’argent 🙂
Une chose à ne pas manquer à Khorog : le marché afghan du samedi matin. C’est la seule occasion d’interagir avec des afghans sans aller en Afghanistan. Malheureusement, le marché n’a pas lieu tous les samedis. Parfois oui, parfois non, et il n’y a pas d’annonces. La décision est prise à la toute dernière minute, c’est à dire le matin même! Je me suis rendu sur place un samedi matin, mais il n’y avait pas marché 🙁
De Khorog, il vous faudra ensuite rejoindre Douchanbé, la capitale. 12 à 13h de route vous attendent, une fois de plus le long de la frontière avec l’Afghanistan. De l’autre côté de la rivière, on voit des enfants afghans jouer, des femmes laver leur linge. On leur fait coucou, ils nous font des signes de main en souriant.
La route de la Pamir Highway est en très mauvais état et notre chauffeur conduisait comme un taré. Il a crevé les deux pneus droits du 4×4 et nous n’avions qu’un pneu de secours. En 10 minutes, six voitures et un camion se sont spontanément arrêtés pour proposer de l’aide! C’est beau!
Douchanbé
Douchanbé sera finalement le point final. Pas grand chose à faire sur place, inutile de s’éterniser. Quelques jours suffisent. Il y a notamment un marché, quelques beaux espaces verts et parcs, et beaucoup de portraits du président, Emomalii Rahmon. A l’aéroport de Douchanbé, pour me rendre à New Delhi, j’avais oublié que j’avais une bouteille d’eau pleine dans mon sac, et j’ai pu passer la sécurité sans aucun problème. Avant ça, un mec de la sécurité (celui qui fouille les sacs) a tapé l’amitié avec moi “Tu viens de Paris? J’adooore la France, blablabla…“. J’ai vu le truc arriver… Il m’a ensuite demandé “T’as de l’argent? Où il est? Montre ton portefeuille! T’as des dollars ou des somoni?“. Puis “Donne moi de l’argent stp, pour un café.” Il n’a rien eu de ma part, mais j’ai compris qu’il était temps pour moi d’explorer une autre partie du monde…
Visa pour se rendre au Tadjikistan
Il faut commencer par se rendre au Tadjikistan! Passeports français, il faut faire une demande de visa avant de se rendre au pays. Rien de compliqué, pas besoin d’aller à une ambassade, on fait la demande en ligne ici. Il faudra s’acquitter de 50 dollars US. On vous demandera si vous souhaitez un permis GBAO, qui permet de se rendre sur le territoire du Badakhshan. La Pamir Highway se trouvant sur ce territoire, il faudra demander le permis GBAO, et ajouter 20 dollars US. Ce qui fait 70 dollars US en tout. Avant de partir, cliquez ici pour regarder les prix des billets d’avion.
Comment traverser la Pamir Highway
Vous partirez de Och au Kirghizistan ou en sens inverse depuis Douchanbé, la capitale. Dans les deux cas, pour traverser la Pamir Highway, vous avez au choix transports en commun (déconseillé, vous patienterez des heures parfois dans certains villages à attendre que le van soit plein), faire du stop (faisable, mais la plupart des voitures qui passent sont déjà pleines, il faudra faire preuve de patience), avec votre propre voiture si vous en avez une, à vélo (très belle expérience m’ont dit tous les cyclistes croisés à Khorog), via une agence (le plus cher), ou le mieux, louer un 4×4 avec chauffeur, comme je l’ai fait.
Si vous partez de Osh, vous serez donc au Kirghizistan. Pas besoin de visa pour aller là bas 🙂
Combien ça coûte ce road trip sur la Pamir Highway
En louant 4×4 avec chauffeur, il faut évidemment partir avec la voiture pleine, pour diviser les coûts. Demandez dans votre hôtel/auberge qui a l’intention de traverser la Pamir Highway. Je ne sais pas pour Douchanbé, mais depuis Och, vous trouverez facilement. Nous avons payé 700 dollars en tout à 5 (soit 140$ par tête), pour 5 jours et 4 nuits. Dans le prix était inclus, la voiture et le chauffeur et le trajet Och-Khorog. Le prix n’incluait pas les repas, les nuits dans les différents villages, et le trajet Khorog-Douchanbé. Pour un road trip d’une semaine, comptez environ $1000 pour cinq personnes.
Si vous voulez tenter l’aventure en transports en commun, ce sera évidemment beaucoup moins cher. Pareil si vous décidez de faire du stop. Si vous traversez la Pamir Highway à vélo, évidemment vous ne paierez pas aussi cher, et l’expérience est apparemment incroyable. Si vous voulez louer votre propre voiture, vous avez une idée des tarifs ici. Mais sachez que la conduite est loin d’être facile, la route étant parfois en très mauvaus état! Si vous passez par une agence de voyage, au contraire ce sera bien plus cher, pour vivre la même chose…
Où trouver des compagnons de route pour la Pamir Highway
Si vous partez de Osh, vous pouvez loger à la Osh Guesthouse. C’est là que j’ai logé, et c’est là que séjournent la plupart des backpackers. Il y a un grand tableau avec voitures dispo, dates de départ, nombre de personnes dans la voiture. C’est grâce à ce tableau que j’ai vu qu’il y avait un départ pour la Pamir Highway deux jours après, et qu’il manquait une personne pour “remplir” la voiture. Le staff de la Osh Guesthouse est très sympathique, mais l’endroit n’est pas très propre… Vous pouvez sinon loger ailleurs (regardez sur Booking), mais faire un tour à la Osh Guesthouse pour voir les prochains départs, les voitures dispo…
Hébergement sur la Pamir Highway
Concernant l’hébergement, vous constaterez que c’est un peu cher pour ce qui est proposé. 10 dollars US la nuit à Murghab sans internet et coupures d’électricité, 15 dollars US la nuit à Bibi Fatima sans douche sur place ni internet (il fallait aller aux bains pour se laver, à 10 minutes). Si besoin, prenez une batterie externe!
Par contre, à Khorog, séjournez au Pamir Lodge! C’est là que se retrouvent tous les voyageurs qui commencent ou finissent leur trip sur la Pamir Highway! A Douchanbé, tout le monde se retrouve à l’auberge Green House. Cliquez ici pour réserver. Sinon si vous n’êtes pas branchés auberges de backpackers, il y a aussi Hello Dushanbe. Cliquez ici pour réserver.
Nourriture sur la Pamir Highway
Les repas seront à payer mais rien de cher. On n’a jamais payé plus de 15 somoni (1.50€) pour plat + thé, ça tournait plutôt autour de 10 somoni (un euro).
Internet sur la Pamir Highway
Pas seulement sur la Pamir Highway, mais dans tout le pays (à part peut être Douchanbé), internet est vraiment lent… J’en avais vraiment besoin, j’ai donc pris une puce locale. La SIM coûte 35 somoni (3.50€) avec 1GB, 58 somoni (5.80€) avec 2GB. C’était pas pour traîner sur Facebook ou Instagram, mais avec une SIM, on peut mettre son téléphone en modem (partage de connexion), profiter du net depuis son ordi portable, et avancer sur le blog pour que vous puissiez me lire 😀
En parlant de ça, pensez bien à utiliser un VPN. J’utilise ExpressVPN, rapide et efficace. Voilà pourquoi utiliser un VPN en voyage!
Quand traverser la Pamir Highway
Il vaut mieux traverser la Pamir Highway d’avril à octobre. En fait plutôt juin à septembre. De novembre à mars il fait beaucoup trop froid!
Combien de temps dure le road trip sur la Pamir Highway
Nous avons fait la route Och-Khorog en 5 jours, mais beaucoup estiment que c’est rapide. Si vous avez le temps (et si ça ne vous dérange pas d’être coupé du monde!), une semaine, voire 10 jours, c’est mieux! En général, les gens font un trip d’une semaine.
Infos pratiques pour traverser la Pamir Highway
- Vous voyagez bientôt? Ma page ressources voyage peut vous aider! Cette liste d’accessoires voyage peut aussi vous être utile!
- Ne partez pas au Tadjikistan sans assurance voyage! La Pamir Highway est en altitude, beaucoup de gens font des malaises! Mieux vaut prévenir que guérir! Voilà pourquoi prendre une assurance voyage!
- Vous voulez un voyage sur mesure au Tadjikistan? Demandez un devis gratuit ici!
- Le trajet Khorog-Douchanbé nous a coûté 250 somoni (25€).
- J’ai fait Khorog-Douchanbé d’une traite, mais possible bien sûr de le faire en deux fois. Beaucoup passent une nuit à Kalai Khum, un village entre les deux villes.
- A Khorog uniquement (et sa région), l’heure n’est pas la même que dans le reste du pays (une heure de plus!). Ça peut prêter à confusion au début…
- Douchanbé signifie “lundi”! C’est du perse, c’est littéralement “le deuxième jour de la semaine”, qui commence dimanche.
- Au Kirghizistan, ils ont des pièces de 3 soms, au Tadjikistan ils ont des billets de 3 somoni! Il faudra m’expliquer la logique…
- Si besoin, prenez un guide de voyage sur l’Asie centrale
Mathilde says
Ca a l’air vraiment impressionnant cette route ! Quel incroyable voyage ! Les paysages sont époustouflants !
Roobens says
Oui c’est une route magnifique!