Il est 22h30. Je suis au restaurant à Catane, en Sicile, au sud de l’Italie. Nous sommes un groupe d’une trentaine de personnes, la nourriture est délicieuse, le vin coule à flot. Des éclats de rire fusent dans la pièce. L’ambiance est détendue, nous passons un très bon moment, et putain qu’est-ce qu’on mange bien. Notre hôte, qui travaille pour l’office de tourisme de Sicile, s’est absenté quelques instants pour passer un coup de fil. A son retour, son visage n’est plus le même. Il nous annonce “Les amis, toute l’Italie sera confinée dès demain. Vous pouvez au choix rester ici, ce qui signifie rester coincé au moins 14 jours dans votre hôtel. Ou alors, et je vous le recommande fortement, quitter le pays le plus vite possible! Demain si vous le pouvez!“

Et voici comment j’ai failli être bloqué en Italie à cause du coronavirus. J’ai déjà eu l’occasion de raconter cette mésaventure à des proches. Certains m’ont dit que je l’avais cherché, mais la plupart des gens ont compris mes choix et m’ont soutenu. L’essentiel, c’est que je sois rentré sain et sauf à Paris. Parce que dans les jours qui ont suivi, l’Italie était complètement fermée. Commerces fermés, hôtels également, quasiment plus aucun vol… Je serais resté coincé, et en plus je n’aurais eu nulle part où dormir! Que s’est-il passé? Comment je m’en suis sorti? Laissez-moi vous raconter!
Voyage prévu en Sicile
Cela faisait plus de six mois que ce voyage de deux semaines en Sicile, tout au sud de l’Italie, était prévu. En fait, j’allais à un évènement lié au blogging voyage, et environ 500 personnes étaient attendues. Des blogueurs des USA, des UK, d’Italie bien sûr, de France, d’Australie, d’Inde… Les blogueurs arrivaient de partout dans le monde! Ce déplacement lançait le début de ma saison 2020 et de beaucoup de voyages à venir : Sicile donc, mais aussi Edimbourg, le sud de la France, un trip tous frais payés en Autriche, la côte ouest des US, Brighton en Angleterre… La Sicile n’était que la première étape!

Arrivée du virus en Europe
En janvier, un virus en Chine commence à faire les gros titres. Vu d’Europe, tout ceci semblait tellement loin, et personne ne se doutait de ce qui allait arriver. Mais petit à petit, au fil des semaines, le virus a commencé à se propager un peu partout dans le monde, notamment en Europe et surtout en Italie! L’épicentre se trouvait à Milan, au nord de l’Italie, où le nombre de cas et de morts augmentait de façon exponentielle.
Evenement maintenu
L’evenement avait lieu début mars, et jusque-là, le virus semblait contenu au nord de l’Italie seulement. Les organisateurs se voulaient rassurants, et l’évènement allait toujours avoir lieu. Il ne faut pas se mentir, sachant qu’on se rendait dans le pays le plus touché d’Europe, on regardait quand même les infos quotidiennement, espérant que tout allait bien finir. C’est vrai, tout évoluait tellement vite!

Les organisateurs nous assuraient que rien n’avait changé en Sicile. Quelques blogueurs partis en Sicile une dizaine de jours avant l’évènement nous disaient la même chose. Ils nous envoyaient même des photos pour appuyer leurs dires. Bref, nous essayions tous de rester positif!
Il y avait un grand débat entre les futurs participants à cet évènement. Doit-on le maintenir? L’annuler? Le décaler? Certains étaient catégoriques, il faut reporter! D’autres restaient campés sur leurs positions, et affirmaient se rendre en Sicile quoi qu’il arrive! Il y en a plein qui avaient des vols et hôtels non remboursables et qui ne souhaitaient pas les perdre. Cela parait dérisoire aujourd’hui, mais à ce moment-là, personne n’avait anticipé la tournure des évènements. Et beaucoup pensaient que les choses allaient rapidement s’arranger.
Il y a donc ceux qui ne souhaitaient pas perdre l’argent des vols et hôtels déjà payés des mois auparavant. Aujourd’hui oui, on sait qu’être remboursé de vols et hôtels n’était pas difficile vu la situation exceptionnelle. Ce n’était pas le cas à ce moment-là.

Il y a aussi ceux qui avaient peur d’être mis en quarantaine en rentrant chez eux après l’évènement pro. Une situation assez stressante, et il fallait prendre des décisions. Certains gouvernements ont commencé à déconseiller à leurs citoyens de se rendre en Italie, ce qui signifiait que leur assurance voyage ne serait plus valable en cas de problème.
Evenement finalement reporté
Finalement, le couperet tombe. Evenement officiellement reporté MAIS plein d’activités gratuites pour les blogueurs qui feraient le déplacement en Sicile (dégustations, catamaran, mont Etna, spectacles…). J’ai longuement réflechi. Mes vols et nuits d’hôtel étaient non remboursables. Depuis Paris, Milan (l’épicentre) est à 850km. La Sicile est à 1300 bornes. A ce moment-là, il y avait 10 fois plus de cas en Ile-de-France qu’en Sicile. Sachant que la Sicile est deux fois plus grande que l’Ile-de France, et deux fois moins peu peuplée. J’étais donc statistiquement plus en danger d’attraper ce virus en restant à Paris, qu’en partant en Sicile. Traitez moi d’imbécile, mais j’ai donc décidé de partir. En route vers l’aventure!

Départ pour la Sicile
A l’aéroport Charles-de-Gaulle à Paris, tout avait l’air normal. Il n’y avait pas moins de gens que d’habitude. Aucune panique. Par contre, il n’y avait pas grand monde dans l’avion. Arrivé à l’aéroport de Catane, en Sicile, c’était pareil. On a simplement pris les températures des gens. Je suis arrivé à l’hôtel en début d’après midi, et j’ai décidé de faire un tour en ville. Une fois de plus, tout était… comme d’habitude! Des gens qui se promènent, d’autres en terrasse… Quelqu’un qui ne regarde pas les infos n’aurait rien trouvé d’anormal.

Il y a simplement les musées qui étaient fermés. Et le programme qui changeait souvent, avec des activités modifiées ou parfois annulées. J’ai passé un après-midi tranquille, à flâner dans les rues de Catane. Puis tout s’est enchainé très vite. En plus des musées, ce sont les écoles qui ont fermées, les cinémas, on commence à parler de distanciation sociale dans les bars et restaurants…
Confinement italien
J’avais rendez-vous au resto avec d’autres blogueurs à 20h30. Tout s’est très bien passé jusqu’à la fameuse annonce en plein diner… Notre hôte nous a clairement fait comprendre qu’il fallait quitter le pays le plus rapidement possible! Car l’Italie allait fermer ses frontières! En voyage, j’ai déjà dû prendre des décisions stressantes dans l’urgence (vous vous souvenez?). Mais devoir quitter un pays du jour au lendemain… Non ça n’était jamais arrivé! Et on nous apprend ça à 22h30!

Léger soulagement, on a appris dans la foulée que les étrangers pouvaient quitter le pays, c’est seulement les italiens qui seraient coincés chez eux. Mais il fallait partir! Surtout que les pays voisins d’Europe allaient très probablement eux aussi fermer leurs frontières!!! Il fallait quitter le pays, peu importe la destination! Tout le monde était en stress et avait son smartphone, à rechercher frénétiquement des vols pour quitter l’Italie!
Fuir l’Italie
J’étais donc à Catane et j’ai cherché les vols pour Paris le lendemain. Il n’y avait aucun vol direct, tous les vols faisaient une longue escale à Rome ou à Milan… Et on nous a expliqué que les vols du lendemain matin seraient assurés, mais probablement pas ceux du soir. Je ne voulais pas rester coincé à mon escale. Encore moins à Rome ou Milan, des endroits bien plus infectés qu’en Sicile!

J’ai pensé à me rendre ailleurs en Europe, puis rejoindre Paris. Il y avait des vols à 25€ vers Bruxelles, à 30€ vers Budapest, à 50€ vers Vienne, à 60€ vers Amsterdam… J’avais songé à Bruxelles, le vol était le moins cher, et la ville est proche de Paris. Mais j’avais quand même la flemme… Et j’ai réflechi. J’ai regardé les vols partant de Palerme, toujours en Sicile! Et BOUM! J’ai trouvé un vol direct vers Paris à 10h du matin! Houra, ce vol allait me sauver!
Petit problème! Palerme se trouve à trois heures en bus ou train de Catane, et il faut être à l’aéroport deux heures avant le décollage! J’ai fouiné sur le net et j’ai trouvé un train qui quittait Catane pour Palerme à 4h30 du matin! Voici donc le plan. Me lever à 3h, me doucher, faire mon sac, aller à la gare à pied (qui n’était pas à côté), et arriver à la gare vers 4h. Ce qui me laisserait un peu de temps pour trouver le bon quai, le bon train…

Une fois arrivé à la gare de Palerme, foncer à l’aéroport et prendre mon vol vers Paris! J’étais toujours au resto et il était déjà 23 heures… Je n’allais presque pas dormir cette nuit… Nous nous sommes tous quittés, dégoûtés de devoir quitter l’Italie à peine arrivés. Certains, qui n’avaient pas de vols vers chez eux, sont allés ailleurs en Europe avant de rentrer à la maison. C’est notamment le cas de ceux qui arrivaient d’Amérique.
Après avoir dit au revoir, je suis rentré à l’hôtel, et après une courte sieste, j’ai fait le trajet retour vers Paris… Certains blogueurs ont décidé de rester en Sicile et se sont retrouvés très limités dans leurs déplacements. Trois jours après le début du confinement italien, tout le monde avait finalement quitté l’Italie.

Retour à la case départ
La pandémie nous a fait réaliser qu’on perçoit souvent le voyage comme acquis. En quelques semaines, le covid-19 a modifié le quotidien de plusieurs milliards de personnes. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai pu rentrer sans trop d’embûches. Mais je pense à certains qui se sont retrouvés bloqués à l’étranger, d’autres qui se retrouvent coincés en mer en croisière…
C’est facile aujourd’hui de dire “Moi j’aurais fais ci” “Moi j’aurais fait ça“. Mais personne n’a rien vu venir, personne n’a anticipé et savait que la situation évoluerait de cette façon. Quand nous avons tous quitté l’Italie, j’ai réalisé à quel point nous étions chanceux d’avoir un puissant passeport. Nous avons pu quitter l’Italie sans aucun problème, pour fuir un virus invisible (mais bien mortel!). Et ces habitants qui vivent dans des zones en guerre ou qui subissent la famine? Qui veulent fuir les bombes pour sauver leurs vies? Peuvent-ils quitter comme ils le souhaitent leur région natale avec leurs faibles passeports? Ca m’a donné à réflechir…

De retour à Paris, les différents pays dans le monde se sont confinés, le nombre de personnes infectées et les morts augmentaient jour après jour… Et évidemment on ne sait pas quand tout ça va finir. Est-ce que je regrette mon aller-retour en Italie? Pas du tout. J’ai pris les décisions à prendre au jour le jour.
Certains ont perdu la vie, ou sont tombés malade. Je connais les des gens qui ont mis la clé sous la porte. Pas moi (même si ce confinement me fait perdre beaucoup d’argent). Je ne peux pas me plaindre. Mais je ne peux pas le nier, j’ai pris un sacré coup au moral…
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