Le choc culturel inversé après un long voyage

Rentrer chez soi, dans son pays, dans sa ville, après un long voyage n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. On parle très souvent du fait que c’est très difficile de tout plaquer pour partir explorer le monde. C’est vrai, le plus dur dans un voyage à long terme, c’est de partir. On parle beaucoup moins de la difficulté à rentrer chez soi après avoir voyagé pendant longtemps. Le choc culturel après un long voyage est aussi appelé le choc culturel inversé.

C’est quoi le choc culturel inversé

On a tous entendu parler du choc culturel. Vous vous rendez dans un endroit exotique (selon vos standards), et c’est le choc! Tout est tellement différent de votre environnement, de vos habitudes (les gens, la nourriture, la façon de vivre…). Vous prenez une claque en pleine face, et vous réalisez vite que s’immerger dans cette nouvelle culture ne va pas être facile. L’exemple le plus probant est l’Inde, où nombre d’occidentaux subissent ce choc culturel. L’ambassade de France en Inde est d’ailleurs une des rares au monde à avoir une cellule psychologique. Ça arrive au Japon aussi, dans une moindre mesure.

Et donc le choc culturel inversé? C’est tout simplement la difficulté à se réinsérer dans son propre pays, sa propre culture, après avoir passé beaucoup de temps à l’étranger. Cela peut être après avoir voyagé pendant longtemps, mais aussi après avoir travaillé plusieurs années à l’étranger. Ce n’est pas un mythe, le choc culturel inversé existe vraiment. Mais… c’est bizarre non!? On devrait être content de rentrer à la maison, revoir ses amis et ses proches, retrouver ses anciennes habitudes… Ce n’est pas aussi simple.

Pourquoi le choc culturel inversé existe

Quand on passe beaucoup de temps à voyager, on découvre une nouvelle sensation de liberté, sans aucune contrainte. On rencontre toujours de nouvelles personnes, on explore de nouveaux lieux et surtout on fait ce qu’on veut. On se lève à l’heure que l’on veut, on mange quand on veut, on va au bar si on en a envie, on reste chez soi si on ne veut pas sortir. En rentrant dans son pays, dans sa ville, on a l’impression de retourner à une vie terne, sédentaire, monotone, ennuyeuse. La transition est forcément compliquée.

Combien de temps dure le choc culturel inversé

Certains le vivent mieux que d’autres. Ça dure plus ou moins longtemps selon les personnes, en général quelques semaines mais ça peut durer plusieurs mois. Mais ce choc culturel inversé existe bel et bien, j’en ai également été victime. Je suis rentré à Paris et il a fallu se réhabituer au rythme effréné parisien, les gens qui font la gueule, l’agitation… Des choses que je n’avais pas forcément remarqué avant me sautaient aux yeux désormais. “Tout le monde fume ici, c’est dingue!” “Putain, la vie est chère à Paris!!!” “Pourquoi tout le monde fait la gueule? On dirait que les parisiens sont seulement heureux et détendus le soir au bar, après le taf!” “Pourquoi tout est fermé le dimanche???“

Se réhabituer à son ancien environnement

Entendre parler français autour de moi a été déstabilisant pendant assez longtemps, je n’avais plus l’habitude. J’ai aussi gardé quelques habitudes de voyage pendant plusieurs semaines. Le sac à dos toujours devant moi. Je m’excusais quand je payais avec un billet de 10 euros quelque chose qui coûtait deux euros. Dans les pays pauvres, ça signifie parfois pour le commerçant faire le tour du quartier pour faire de la monnaie.

Je n’avais plus l’habitude d’avoir internet dehors sur mon téléphone, et pendant plusieurs jours, comme je le faisais en voyage, je vérifiais plein de choses sur internet (avec mon téléphone) avant de partir. Comme au Japon, je baissais la tête avant de dire bonjour. Oh et les mecs de la sécurité qui me suivent dans les magasins, ça ne m’avait pas du tout manqué, et c’est arrivé quelques jours après mon retour!

Les gens autour de toi ne te comprennent pas toujours. Je n’ai pas eu de soucis à ce niveau là mais ça arrive. Il y a toujours cette envie de bouger, une furieuse envie de repartir, rencontrer de nouvelles têtes, explorer de nouvelles villes, goûter de nouveaux plats. Les gens autour de soi ne comprennent pas forcément, tu devrais être heureux d’être de retour à la maison!

Les étapes du choc culturel inversé

En fait, il y a plusieurs phases au choc culturel inversé. Il n’arrive pas tout de suite après un long voyage. Les premiers jours qui suivent un retour de voyage sont magiques. T’es cette sorte de diamant qui brille, que tout le monde veut voir, comme une star! Les questions affluent (souvent les mêmes) “C’était bien?” “C’était quoi ton pays préféré?” “Tu t’es déjà senti en danger?” “Tu vas faire quoi maintenant?” On retrouve son confort occidental, on revoit ses amis, on redécouvre la nourriture locale…

Après quelques semaines, et après avoir revu les gens, redécouvert les mêmes bars/restos que je fréquentais, on se rend compte que rien n’a changé. Vos amis ont les mêmes boulots, vont aux mêmes bars, vivent dans le même appart, font les mêmes choses qu’avant. Dans mon entourage, j’avais l’impression que les gens sortaient moins qu’avant, mais sinon c’était exactement les mêmes personnes que j’avais quitté avant mon voyage.

L’atmosphère parisien n’avait pas changé. Je me rappelais de noms de bars/restos, sans me souvenir où ils étaient. Ou j’avais en tête un lieu bien précis, sans me rappeler son nom. C’était bizarre! Sinon, à part un ou deux bébés et un mariage en mon absence, tout était pareil, comme si le temps s’était figé pendant mon voyage.

Passé cette phase d’euphorie, le choc culturel inversé prend place. Des choses anodines auparavant vous agacent désormais (coût de la vie, rythme effréné, etc…). Un sentiment d’ennui et d’isolation vous envahit, un peu de frustration aussi. Vous vous sentez parfois confus, différent, un peu en décalage par rapport aux autres. En même temps, on commence aussi à ressentir de la nostalgie “Qu’est ce que c’était bien…” C’est probablement la pire étape du choc culturel inversé. Pendant cette phase, un pote m’a dit “T’as souvent l’air ailleurs…“

En fait, rien n’a changé, mais sans t’en rendre compte, c’est toi qui a évolué, intellectuellement et personnellement. Je vais citer Benjamin Button “C’est marrant de retourner à la maison. Rien n’a changé. Tout a l’air pareil, sent pareil, même le ressenti est le même. Tu réalises que ce qui a changé, c’est toi“

Pendant cette phase, on se rend également compte que certains proches portent peu d’intérêt à vos aventures. Ils écoutent au début, puis à leur regard vide, on réalise qu’après quelques instants, ils n’écoutent plus. On est prêt à parler de son voyage pendant des heures mais le sujet est vite mis de côté. Les grandes lignes ok, les détails on s’en fout! On apprend à se taire et ne pas embêter les gens avec ses mésaventures. Ben oui, pourquoi m’écouter parler de mon voyage en Asie du Sud Est pendant qu’ils étaient serrés comme des sardines dans le métro?

Il faut juste comprendre que certains ne peuvent pas s’identifier à vos aventures, et ne savent tout simplement pas quoi dire. Certains peuvent être un peu jaloux, d’autres ne sont simplement pas intéressés. On se rend compte que c’est en fait plus difficile de revenir, que de partir! Un vrai choc culturel inversé!

Effectivement, t’as changé. Pas ta ville, ni tes proches, mais toi. On m’a parlé d’une fille qui a pris une année sabbatique pour voyager. Elle est rentrée de son long voyage un samedi, et elle est retournée au bureau le lundi, deux jours après! Comme un retour à la case départ. Elle a pété un plomb, ce qui est compréhensible! Le choc pour elle a du être encore plus violent!

Petit à petit, passé cette phase nostalgique, on accepte son destin et on repart de l’avant. Comme je le disais plus haut, le temps de réadaptation est variable selon les personnes, mais on parle souvent de quelques semaines. On finit par voir les bons côtés d’être à la maison. C’est cool d’être avec ses proches, on n’est pas constamment en mouvement, on ne répond plus aux mêmes questions “tu viens d’où?” “tu vas où?” “tu voyages depuis combien de temps?“. On peut redécouvrir sa ville et ses nouveaux lieux (restos…). On recharge les batteries, car on est fatigué après un long voyage.

La dépression post-voyage n’est pas un mythe, tous ceux qui ont voyagé longtemps l’ont vécu. Concernant le choc culturel inversé, on parle souvent d’une courbe en forme de U. Au début tu retrouves tes proches, tu kiffes… Puis tu touches le fond. Et après quelque temps, ça va mieux. Comment bien gérer ça?

Comment gérer le choc culturel inversé

• Avant le retour, se préparer psychologiquement en annonçant à ses proches qu’on rentre bientôt
• Il faut vite reprendre une routine, ça évite de tomber en dépression
• Prendre le temps d’apprécier les choses qui nous manquaient à l’étranger (dans mon cas, la bouffe!)
• Accepter le fait qu’on a changé, et pas notre entourage
• Ne pas constamment comparer son pays à ceux visités, en ne voyant que le négatif chez soi et le positif ailleurs
• Essayer de rester en contact avec les amis rencontrés à l’étranger
• Rencontrer et discuter avec des gens qui ont vécu la même chose. Vous en trouverez facilement aux événements Couchsurfing, il y en a partout dans le monde. Le site meetup est pas mal aussi.
• Redécouvrez votre ville. Profitez en pour aller aux restaurants spécialisés dans la nourriture des pays que vous avez visité. L’impression de voyager… sans quitter sa ville! Et ça rappelle des souvenirs!
• Ayez des projets! Trouver un nouveau travail, économiser pour repartir, apprendre une nouvelle langue, écrire un bouquin… Avoir un objectif précis vous aidera à avancer!

Avec tous ces conseils, vous devriez pouvoir gérer le choc culturel inversé sans trop de problèmes! Avez vous voyagé pendant longtemps, et subi le choc culturel à votre retour? Dites le moi en commentaire!

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