Avant de lire l’article, sachez que j’ai écrit un livre de plus de 200 pages sur le voyage en tant que personne noire. Cliquez ici pour plus d’infos. J’ai aussi créé le groupe Facebook Voyageurs Noirs, ouvert à tous! Cliquez ici pour le rejoindre!
Quand on veut visiter Paris, surtout quand c’est la première fois, on sait en général déjà ce qu’on veut voir : la tour Eiffel, l’arc de Triomphe et l’avenue des Champs Elysées, la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, Notre-Dame de Paris… Bref, les classiques! Ceux qui ont déjà visité Paris y retournent pour flâner dans différents coins : le Marais, Belleville, les quais de Seine… J’ai récemment appris qu’il est possible de visiter Paris sous un autre angle : celui de l’histoire des noirs à Paris. Ca s’appelle le Paris noir! Cette visite est à ajouter à votre liste d’activités à faire!
Table of Contents
Le Paris Noir, c’est quoi
Le Paris noir a été créé par Kevi Donat. Kevi faisait à la base des visites guidées de Paris “classiques”, il a débuté en 2011. Etant noir, les touristes noirs américains lui posaient souvent des questions “Pourquoi y a t-il autant de noirs à Paris? D’où viennent-ils? Comment ça se passe pour eux?“. Un sujet qu’il n’abordait pas dans ses visites guidées.
Devant l’afflux de questions sur l’histoire noire à Paris, il a eu l’idée de faire des visites guidées focalisées sur l’histoire des noirs à Paris. Ce genre de visite est très courant aux USA (notamment pendant le black history month), mais beaucoup moins en France. Bref, le Paris noir est né en 2013!
A travers des visites guidées de Paris à pied, Kevi fait découvrir aux touristes (et aux locaux) des coins auxquels ils n’auraient jamais mis les pieds. On réalise que l’histoire des noirs à Paris est importante, et on réalise l’impact qu’ont eu les noirs dans la capitale. Deux visites sont proposées, une sur la rive droite et une sur la rive gauche.
Paris noir : visite de la rive droite
Cette visite démarre en face du Moulin Rouge et nous amène de Pigalle à Barbès, en passant par Château Rouge. On en apprend sur le Pigalle des années folles (1920s), dont Joséphine Baker est une grande représentante! A l’époque, il y a une grande négrophilie à Paris, les parisiens veulent écouter du jazz (même s’ils fétichisent les noirs…).
Joséphine a souvent fait des représentations au Carrousel, à Blanche, de 1926 à 1928. C’était très compliqué de percer aux Etats Unis pour les noirs à cause de la ségrégation. Beaucoup vivaient donc à Pigalle, le Harlem de Paris. C’était un lieu de grande diversité (c’est encore le cas aujourd’hui).
Elle retournera quand même aux USA, notamment en 1963 et fait un discours pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King. Elle meurt en 1975, et est enterrée au cimetière de Monaco (car c’était l’amie de Grace de Monaco). Certains militent pour qu’elle soit rapatriée au Panthéeon. En attendant, elle a une place à son nom à Montparnasse.
On ne parle pas que de Joséphine Baker pendant cette visite bien sûr. On en apprend sur les écrivains, intellectuels et artistes noirs qui ont fait bouger Paris. Je pense à Langston Hughes, poète américain qui a vécu à Pigalle, ou Henry Ossawa Taner, qui s’installe en France car il n’existe pas de ségrégation légale sur place, contrairement aux Etats Unis. Ou Eugene Bullard, premier pilote de chasse noir. Lamine Senghor, tirailleur et militant politique sénégalais, est aussi évoqué.
La culture noire américaine va vraiment s’importer à Paris en 1917, quand les soldats américains viennent aider la France pendant la première guerre mondiale. Le régiment le plus connu comportant des noirs américains s’appelle Harlem Hellfighters. Max Brooks a sorti une BD très intéressante qui explique qui ils étaient. Cliquez ici pour l’acheter.
Après la guerre, les noirs américains sont rentrés chez eux mais étaient victimes de discrimination, notamment entre 1919 et 1921. Fuyant la ségrégation, ils sont donc retournés en France et c’est là que plein de clubs de jazz ont ouvert à Paris, grâce à la négrophilie de l’époque.
En ces temps-là, être naturalisé français était très simple (la déchéance de nationalité aussi), donc plein d’étrangers se sont installés en France, notamment entre 1927 et 1939. Malgré la montée de la xénophobie, les artistes noirs américains n’étaient pas trop discriminés.
Saviez vous que le boulevard de Clichy était surnommé le boulevard des allongés? Car on y trouvait plein de mecs au sol suite à des règlements de compte? Saviez vous que les américains appelaient Pigalle pig alley (allée des cochons) à cause de ce qui se passe sur place (prostitution…)? Saviez vous que Picasso aimait l’art nègre et s’est pris en photo avec en 1906?
On finit la visite à Château Rouge puis Barbès. Un quartier réputé populaire, où se mélangent population originaire du Maghreb et d’Afrique de l’ouest. Mais le quartier change, se gentrifie. La brasserie Barbès est un symbole de cette évolution. On trouve cependant toujours les marchés, coiffeurs afros, vendeurs à la sauvette et magasins de sapologie!
La visite est très intéressante et dynamique. On apprend des choses et Kevi, notre guide, sait de quoi il parle. J’avais hâte de voir ce qu’allait donner la visite de la rive gauche.
Paris noir : visite de la rive gauche
La visite de la rive gauche démarre place du Panthéon et nous amène au jardin du Luxembourg et à Saint Michel. On en apprend beaucoup sur Alexandre Dumas, écrivain, qui est carteron (3/4 blanc, 1/4 noir) car sa grand mère était noire. Cette visite se concentre plus sur les intellectuels, artistes et figures politiques d’Afrique, des Caraïbes et des Etats Unis qui ont vécu à Paris.
On nous explique aussi le parcours de Félix Eboué, né en Guyane et petit fils d’affranchi. C’est le premier gouverneur noir et l’un des premiers résistants. C’est aussi le premier noir à entrer au Panthéon en 1949 (Dumas y sera transféré en 2002 seulement). Aimé Césaire suivra en 2011.
Un moment marquant arrive lorsque nous allons au mémorial de l’abolition de l’esclavage au jardin du Luxembourg. Je ne savais même pas que ça existait! Il faut dire qu’il est bien caché… Dans les années 1790, la France était en guerre contre tout le monde (anglais, espagnols, esclaves).
En 1794, la France négocie la fin de l’esclavage, mais en échange, les esclaves devaient se battre pour la France. Et surtout, Haïti devait payer pour son indépendance de la France. Entre 1825 et 1950, Haïti a payé l’équivalent de 20 milliards d’euros à la France…
On apprend l’histoire de Victor Schoelcher, français blanc en faveur de l’abolition de l’esclavage. Très connu en Martinique, quasiment inconnu en métropole. Mais aussi l’histoire de Gaston Monnerville, guyanais qui a été président du sénat pendant vingt ans. Et également Chester Himes, Richard Wright et bien sûr James Baldwin. Tous fréquentaient ce quartier.
Les intellectuels noirs américains se retrouvaient parfois au café Tournon, toujours ouvert aujourd’hui. On en apprend aussi sur le courant littéraire de la négritude initiée par Paulette Nardal, première femme noire à étudier à la Sorbonne.
Kevi, notre guide, est clairement un passionné. Il parle avec dynamisme et humour. Ce n’est pas une visite pour les noirs, mais bien une visite sur les noirs et ce qu’ils ont apporté à Paris. Le sujet est rarement abordé à l’école et encore moins dans les visites guidées plus classiques.
Avec le Paris noir, on comprend très vite que l’Histoire de la France est marquée par l’Afrique, l’Outre-Mer, l’esclavagisme, la colonisation et par les différentes migrations. Même en tant que parisien, j’ai beaucoup appris sur la ville. Laissez vous tenter, c’est une manière différente de visiter l’une des plus belles villes de France! Si vous séjournez à Paris, voici où dormir à Paris. Pour aller plus loin, je vous conseille le guide Little Africa, qui permet d’explorer l’Afrique à Paris. Cliquez ici pour l’acheter.
Comment assister à une visite du Paris Noir
Rendez vous sur leur site internet en cliquant ici. Il faut les contacter par mail, et ils vous donneront les prochaines dates de visite.
Quand ont lieu les visites du Paris Noir
Les visites ont en général lieu le weekend, le samedi comme le dimanche.
Combien de temps durent les visites du Paris Noir
Chaque visite dure deux heures.
Combien coûte une visite du Paris Noir
Chaque visite coûte 20 euros.
En quelle langue ont lieu les visites du Paris Noir
Les visites sont disponibles en français et en anglais. En effet, beaucoup d’anglophones sont interessés par le Paris noir, mais il y a de plus en plus de français aussi!
Vous souhaitez visiter Paris? Voici que faire à Paris!
Infos pratiques
- Vous voyagez bientôt? Ma page ressources voyage peut vous aider! Cette liste d’accessoires voyage peut aussi vous être utile!
- Si vous voyagez, n’oubliez pas de prendre une assurance voyage avant de partir! Voici pourquoi prendre une assurance voyage!
- Vous comptez voyager bientôt et vous voulez un voyage sur mesure? Demandez un devis gratuit ici!
- Utilisez toujours un VPN quand vous voyagez. J’utilise ExpressVPN et j’en suis très satisfait. Voici pourquoi utiliser un VPN en voyage.
Laisser un commentaire